Novi Sad

Novi Sad




Novi Sad, lovée sur le Danube et paisiblement installée dans les plaines de Voïvodine, a tous les atouts pour devenir la nouvelle Prague. Son emplacement et sa configuration, la richesse culturelle de ses monuments et de ses festivals et par dessus-tout une atmosphère faite à la fois de sérénité centreeuropéenne et d’euphorie toute balkanique, voilà les atouts d’une future grande du tourisme.

Le «sillon neuf» - nom littéral de Novi sad- a effectivement su développer un fort caractère en dehors de tout lien avec la capitale serbe toute proche, et en même temps tracer son chemin en accumulant des opportunités touristiques variées. La région comporte enfin des réserves de bonheur: réserve naturelle et monastères orthodoxes de Fruška gora, château et résidences princières de la dynastie Dundjerski, vins capiteux et fermes hongroises –sala{i- où il fait bon manger au son des tambourins.

Novi Sad, c’est tout d’abord un site remarquable sur le Danube. Sur la rive gauche s’est développé un pôle commercial et fluvial de première importance. Dès le XVIII° siècle, la ville est une étape importante sur le Danube entre l’Europe centrale et les Balkans: on y décharge les produits miniers pour y transporter les céréales de la région. Novi Sad devient ainsi la capitale économique de cette immense plaine à blé de Voïvodine. Vient s’ajouter au XX°siècle une importante activité industrielle.

Le résultat explique qu’aujourd’hui Novi Sad soit la seconde ville du pays, avec 300 000 habitants. Novi Sad est aussi la ville où la culture serbe est née et s’est développée, sous la protection austro-hongroise, et grâce à des personnages de caractère. La «Matrice Serbe», réunissant tous les plus grands hommes de lettres et penseurs de langue serbe- y est créée en 1826, puis le premier lycée et la première bibliothèque serbes. La ville accueille au XIX° siècle toute l’intellingentsia serbe qui y trouve refuge après avoir fui le joug ottoman et souvent après avoir fait des études dans les grandes universités de Vienne, Budapest ou Cracovie.

Vous trouverez ce caractère très marquant de la ville à travers la visite du quartier très central de la cathédrale, de la bibliothèque et de la «Matrice» serbes. La capitale de la Voïvodine est peuplée de nationalités aussi différentes que les Serbes, les Hongrois, les Monténégrins, les Slovaques, les Ruthènes, les Croates et les Tziganes. Les Monténégrins se sont installés surtout en 1946 car, ayant fui au Monténégro les violences de la guerre, ils furent interdits de retour par un décret de Tito. Plus près de nous, il faut remarquer que les Croates ont continué à s’installer dans cette ville fort paisible, malgré le contexte de guerre et la proximité des combats à Vukovar. Ce caractère multiethnique est vraiment à relever car il explique que Novi Sad n’ait jamais pâti des discours belliqueux et pas suivi la voie de la guerre.

Un symbole important du multiethnisme est le respect pour les langues des minorités. Si vous allez fureter du côté de la salle du conseil municipal, vous remarquerez à gauche de la monumentale porte d’entrée le nom de la ville et du conseil en quatre langues et deux alphabets- serbe, hongrois, slovaque et ruthène- qui sont les langues officielles. Legs bienheureux du titisme, cette égalité entre les langues est visible dans les médias : encore aujourd’hui, le journal télévisé se déroule en quatre parties qui respectent les langues minoritaires. Dans les villages où une minorité représente 50% de la population, la langue minoritaire devient majoritaire à l’école. Or cette identité multiethnique est depuis quelques années remise en cause par des projets politiques ambigus.

D’un côté, de fortes revendications nationales de la part des deux grandes population- serbes et hongrois- poussées par des partis et des mouvements tournés vers le passé. De l’autre, la création d’un large courant autonomiste pour la Voïvodine portée par Nenad Čanak, avec un hymne régional et un drapeau…multicolore! Devant ces poussées identitaires, les habitants de Novi Sad et de la région restent attachés au respect de leurs traditions locales mais dans le cadre fédéral serbo-monténégrin; pour preuve, la liste autonomiste n’a pas passé le cap des 5 % de voix aux législatives de décembre 2003. Sur la rive droite, la forteresse de Petrovaradin qui, avec ses ateliers de peintres à demeure et son hôtel dans le mur d’enceinte, offre une vue imprenable sur la ville et au loin les collines de la Fruška Gora.

Le centre-ville placé en face a l’avantage de la petite dimension: on y flâne facilement le long du corzo central et tous les musées et galeries se trouvent dans un périmètre restreint. Le soir, une multitude de cafés, tavernes et salles de concerts s’ébrouent dans un vacarme et une gaieté explosives